Un projet utile ?

Parmi les objectifs du projet, sont revendiqués :

• une circulation apaisée ;

• une réduction de la pollution ;

• un transfert modal de l’automobile vers les transports en commun.

Or le dossier d’enquête publique, au delà des généralités, n’a absolument pas réussi à démontrer précisément les bénéfices apportés par Caden’cité sur ces points.

Concernant la circulation, les rédacteurs de la pièce C (Etude d’impact environnemental) se contredisent dans le même document :

• p.38 ils admettent que le trafic augmente sur le ring de Montbéliard, avec l’apparition de plusieurs points délicats (place Ferrer, rue de l’Etuve, Acropole), ainsi que sur la nouvelle voirie de doublement de l’avenue des Alliés. On tombe des nues… On prétend vouloir apaiser les centre-villes, et le premier effet du projet, en plus de créer du trafic dans un quartier résidentiel, est de saturer le principal boulevard de circulation du centre-ville de Montbéliard !

• p.533 on annonce une réduction du trafic automobile au niveau des centres urbains, sauf sur la nouvelle voirie de doublement de l’avenue des Alliés. Doit-on finalement comprendre que le ring de Montbéliard sera fluide en toute circonstance ?

Sur la question de la réduction de la pollution, fallait-il s’attendre à quelque chose de plus cohérent, sachant que les prévisions de trafic sont à géométrie variable ? Pas de surprise donc, les rédacteurs de l’étude d’impact environnemental se contentant d’affirmer p.589 que « le projet de THNS sera susceptible de dégrader la qualité de l’air sur certains axes de l’agglomération mais de l’améliorer sur d’autres ».

J’ai eu beau éplucher le document en long et en large, à la recherche d’informations plus précises, comme par exemple l’identification des axes en question et leur nombre de riverains respectifs, afin de vérifier que les bénéfices l’emportent sur les inconvénients, je n’ai rien trouvé… Il n’a donc pas été prouvé que le THNS améliore la qualité de l’air pour une partie significative des 120 000 habitants de l’agglomération. Pire, on peut même soupçonner un effet inverse puisqu’il est admis que les conditions de circulation sur le ring de Montbéliard vont être dégradées. Et que dire des habitants qui ont choisi de s’installer dans les quartiers résidentiels de la Prairie et des Grands Jardins, dans lesquels on prévoit de créer la voie de doublement de l’avenue des Alliés, avec un flux de 600 véhicules par heure en pointe ?

Le rapport de la commission d’enquête (p.34 du rapport introductif général) est d’ailleurs édifiant : « le projet présenté a peu d’efficacité environnementale et ne s’inscrit pas dans les objectifs du Grenelle de l’environnement ». S’agissant justement d’un projet subventionné par le Grenelle de l’environnement à hauteur de 13,4 M€, il reste à souhaiter que ce rapport ne soit pas remonté jusqu’au ministère…

Enfin, concernant le transfert modal, encore une contradiction au sein même de l’Etude d’impact environnemental :

• p.66, on prévoit une augmentation de 3,5% de la fréquentation du réseau de bus ;

• p.483, le pronostic est finalement de + 28 % !

La vérité se situe t-elle entre les deux chiffres ? A priori non puisque, lors du conseil municipal du 04/02/13 (CR du conseil municipal de Montbéliard du 04/02/13, p.5), J. Hélias donne deux nouvelles fourchettes autrement plus ambitieuses… mais une nouvelle fois contradictoires :

• fréquentation journalière passant de 9 000 voyageurs à entre 16 000 et 25 000 (soit de + 78 % à + 178 %) ;

• fréquentation annuelle passant de 9 millions de voyageurs (y a-t-il vraiment 1 000 jours par an ?!?) à entre 12 et 15 millions (soit de + 33 % à + 66 %).

Devant tant d’informations contradictoires, la commission d’enquête indiquera dans son rapport une valeur encore différente, d’une précision chirurgicale, à savoir + 25,77 % (p.24 du rapport introductif général).

Ces prévisions de fréquentation du réseau de bus, variant de + 3,5 à + 178 %, sont donc une véritable mascarade !

Il s’agit pourtant d’un des piliers du ratio coût/bénéfices que l’on se doit de documenter précisément, s’agissant d’une enquête publique visant à déterminer l’intérêt de construire de nouvelles infrastructures de transports en commun.

Non ?